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mardi 31 mars 2020

Prenons des nouvelles de ... Frédéric Maury, du studio Tomato Sound Factory




#ParlonsDInnovationAvec a l’habitude, depuis un an et demi, d’explorer comment les acteurs des Industries Culturelles et Créatives de notre région gèrent l’innovation dans leurs studios et entreprises.





Comme l’innovation en ce moment, c’est surtout de s’adapter aux conditions exceptionnelles qui touchent le monde entier, je prends de leurs nouvelles, depuis la première semaine de confinement. Et comme j'aime créer du lien et l'entretenir, je vous partage ces nouvelles.

Frédéric Maury est ingénieur du son, spécialiste de la post-production son depuis de nombreuses années. Il a créé Tomato Sound Factory, en mars 2006, une société qui propose des prestations de grande qualité pour le son à l'image et pour la musique. 
Le studio Tomato Sound Factory, unique, a une histoire particulière. Il a été conçu et construit par l'acousticien anglais Philip R. Newell, qui a été aussi directeur technique de Virgin Records et ingénieur du son et producteur de plusieurs albums d'un certain Mike Oldfield.
Frédéric m'a promis une séance d'écoute dans le studio, j'ai hâte de pouvoir venir l'interviewer ! En attendant, il a bien voulu, à distance respectable, répondre à mes questions.

Dans quelle phase de développement/de projets êtiez-vous au démarrage du confinement ? (stand by, pré-prod, prod, etc.)

Au moment du confinement, il y avait plusieurs projets en cours et un planning en constante évolution.

1/ Un projet à longue échéance : la post-production son d’un long métrage documentaire pour le cinéma. Une co-production française/hongroise et américaine. Ce film devait être livré pour début avril pour que le distributeur puisse commencer son travail de diffusion auprès des festivals internationaux. Les choses vont se décaler globalement, de 1 et 2 mois. Le tournage de ce projet a commencé il y a presque 10 ans, c’est de toute façon un film qui se fabrique sur la durée. La distribution étant reportée, cela laisse le temps de réaliser le travail.

2/ Deux albums devaient arriver du mixage pour que je réalise le mastering. Le mixage ayant pris du retard, mon travail est décalé d’autant. Ces projets sont reportés à la sortie du confinement.

3/ Le flux régulier de demandes ponctuelles de mastering pour un titre unique est quasiment à l’arrêt, je n'ai plus de demande pour le moment. Je continue des projets que je réalise bénévolement à titre personnel, depuis la maison, pendant le confinement.

4/ En ce moment, je reçois des demandes de post-production musique (mastering) qui seront planifiées d’ici cet été je pense. J’établis les devis.

Quel est pour le moment le plus gros impact du confinement pour ton studio/entreprise ?

Il est un peu tôt pour analyser les conséquences sur l’entreprise.

Je suis habitué à traverser des périodes de crise et d’activités en dent de scie. Pour le moment, le studio est à l'arrêt et je me repose.

Ce confinement me permet de réfléchir, de rattraper le retard pris sur des tâches administratives. Mais je n’ai plus de revenus et la société n’enregistre aucune rentrée financière.

Quels process avez-vous mis en œuvre pour vous adapter ?

 Le repos, forcé et comme je te l'ai dit juste avant, je traite des tâches administratives en retard.

Quels outils (logiciels) avez-vous mis en œuvre ?

Je conserve la communication avec mes clients.

Quelles activités avez-vous dû annuler pour le moment ?

Toutes celles liées à la production.

Quel(s) impact(s) subissez-vous au niveau financier ?

Je n'ai plus aucune rentrée financière.

Comment votre studio/entreprise s'adapte-t-il aux annulations/reports de salons ?

Le salon du MIDEM est annulé pour cette année, c’est donc une année de retard dans le développement des projets.

Comment se passent les relations avec vos publishers ?

Les relations commerciales sont pour le moment à l’arrêt.

Une machine que j’avais en démonstration test au studio n’a pas pu être retournée à son concepteur pour le moment, les choses sont figées. Cette période va donc aussi retarder les investissements prévus.

Fred Maury, dans son studio - 2017 © Luc Jennepin

Pour écouter, au calme, les productions de Fred, n'hésitez pas à consulter la page facebook du studio.

lundi 30 mars 2020

Prenons des nouvelles ... de Gear Prod, avec Adrien Vert




#ParlonsDInnovationAvec a l’habitude, depuis un an et demi, d’explorer comment les acteurs des Industries Culturelles et Créatives de notre région gèrent l’innovation dans leurs studios et entreprises.





Comme l’innovation en ce moment, c’est surtout de s’adapter aux conditions exceptionnelles qui touchent le monde entier, j’ai pris de leurs nouvelles, la semaine dernière, juste après le début du confinement.


Gear Prod conçoit et commercialise Echo Squad, une attraction immersive pour 4 à 6 joueurs, à la croisée des escape game, du jeu vidéo et des attractions sensationnelles. A bord d'un sous-marin grandeur nature, le Red Squid, chaque membre d'équipage choisit d'abord son poste : capitaine, artilleur, mécano, sonar, ou pilote, avant de plonger pour vivre une des aventures proposées et partager une expérience collaborative, conviviale et ludique unique.

Adrien Vert, l’un des 3 co fondateurs de la société que j’avais eu l’occasion d’interviewer pour Lokko, nous donne des nouvelles en cette période de confinement exceptionnel.

(Vous pourrez relire Parlons D’Innovation Avec Gilles Raymon & Adrien Vert de 10ruption qui leur avait été consacré).


Dans quelle phase projet étiez-vous au début du confinement ?

Nous venions d’installer un sous-marin à Bensheim, en Allemagne (près de Frankfurt et Heidelberg). C’est le 5ème sous-marin installé. Nous n’avons pas de nouveaux déplacements à faire.
Nous avions donc prévu de relancer une phase de développement pour améliorer nos produits, notamment la mission en réseau, c’est-à-dire jouable entre plusieurs sous-marins. Nous avons donc planifié 2 mois de développement organisé en sprints de 2 semaines.

Quel a été le plus gros impact du confinement sur vos projets ?

Tous les sous-marins sont fermés, donc nous n’avons plus de revenus liés à cette activité.
Je devais aussi donner des cours dans une école (35 h), mais c’est gelé, du fait du confinement.

Nous risquons aussi d’avoir une réduction d'activité liée à notre éloignement du prototype : il y a pas mal de trucs que nous n’allons pas pouvoir tester.

Qu’avez-vous mis en place, comme processus, qui fonctionne bien ou moins bien ?

Nous sommes 4 à travailler sur le développement. Quentin (notre stagiaire), Gilles, Julien et moi-même.
Nous avions anticipé le confinement dès le lundi de la semaine juste avant le confinement. Et le jeudi 12 mars au soir, nous étions prêts. 

Nous continuons d’utiliser Hangouts, Slack et Discord, car ça fonctionne bien. Mais nous essayons d’avoir tous plus de rigueur à la présence en ligne aux horaires de boulot, et réciproquement, de ne pas nous solliciter en dehors des horaires de boulot. Cela permet plus de souplesse et de réactivité.

Je trouve les conf call assez fatigantes, peut-être parce que j’en ai vraiment beaucoup. Tu es sur une tâche, tu t’arrêtes, tu dois être attentif. Et j’assure toujours mes cours, de suivi de projet d’étudiant de 1er année sous Unity et de cours magistraux de Game Design avec partage d’écran et question/réponse (pour E-ArtSup). Donc ça fait vraiment beaucoup de conf call !

Vous avez mis des outils particuliers en place pour faciliter le travail à distance ?

Nous avons pris Skype pro, et, comme je te l'ai dit, nous continuons d'utiliser Hangouts et Discord.

Quel impact subissez-vous au niveau financier ?

Nous avons essayé de geler au maximum nos dépenses, mais il  nous reste le loyer.
C’est un peu paradoxal, mais la situation aurait été plus compliquée si nous avions eu beaucoup plus de sous-marins en activité.
Côté banques, au début du confinement, elles étaient submergées d’appels et ne répondaient pas. Maintenant, elles sont assez réactives. Philippe, notre 3ème associé, qui bosse dans une entreprise de comptabilité, est bien au courant de toutes les informations sur l’accompagnement des entreprises dans cette période particulière et il nous en fait profiter.

Il y a des activités particulières que vous ne faites plus ?

Un exploitant devait ouvrir un sous-marin sur Montpellier, mais tout est suspendu, pour le moment et sera reporté à une date ultérieure.

Comment vous êtes-vous adaptés aux annulations ou reports de salons commerciaux ?

Nous n’avions pas prévu de participer à des salons. A la rentrée, nous prévoyons d’aller au IAAPA, un salon européen dédié aux attractions innovantes (à Londres).
Par rapport aux salons, nous sommes dans une logique de communication vers nos distributeurs, donc c’est plutôt eux qui devaient participer à des salons qui ont été annulé.

Comment se passe la relation avec vos fournisseurs et distributeurs ?

Quand nous avons fabriqué le sous-marin pour l’Allemagne, c’était juste l’époque du nouvel an chinois. Et le début du confinement en Chine. Heureusement que nous avions pu anticiper les commandes, sans quoi nous aurions été bloqué pour la construction : il faut compter 2 à 3 mois pour construire un sous-marin.
Côté distributeurs, nous travaillons beaucoup avec l’Allemagne, en ce moment, et ça bouge un peu au niveau commercial.
Et puis Echo squad est désormais disponible en Anglais (et le sera bientôt en Allemand).
Notre levée de fonds se poursuit : heureusement que tout le monde n’est pas en mode panique.



Fin de sprint chez Gear Prod © 2020

jeudi 26 mars 2020

Prenons des nouvelles ... des créateurs de Docteur Pilule, avec Jean-Philippe Caro




#ParlonsDInnovationAvec a l’habitude, depuis un an et demi, d’explorer comment les acteurs des Industries Culturelles et Créatives de notre région gèrent l’innovation dans leurs studios et entreprises.





Comme l’innovation en ce moment, c’est surtout de s’adapter aux conditions exceptionnelles qui touchent le monde entier, j’ai pris de leurs nouvelles, la semaine dernière, juste après le début du confinement.


La société Fantastic Lombric, qui a conçu et produit Docteur Pilule, développe, en ce moment, un nouveau jeu de société basé sur de la prise de territoire, jouable de 2 à 4 joueurs, pour des parties d'environ 25 à 30 minutes. Jean-Philippe Caro, un des 3 co fondateurs de la société, nous raconte ce début de confinement exceptionnel (propos recueilli le 20 mars 2020).

(N'hésitez pas à (re)lire la "vraieritable" histoire de Docteur Pilule sur ce même blog,
et pour les fans, à revoir leur interview décalé dans lokko).


NDR: j'ai dû prendre 2 pilules bleues pour mener à bien cet interview...
Je vous laisse deviner lesquelles !
(réponses en fin d'article)

Dans quelle phase de développement étiez-vous au début du ... ?


En tout début de production ! La pré-production nous a apporté 90% du design des règles de jeu et un amusement bien dosé, que nous avons eu le temps de tester auprès d'une petite communauté d'une trentaine de joueurs. Même s’il faudra étendre les playtests durant la production !
Nous avons également travaillé au contexte dans lequel se situerait le jeu et à sa narration : l’environnement, les personnages et leurs rôles respectifs, les transpositions dans le même thème des mécaniques de jeu.
Aujourd'hui, Jacques travaille fort (quand il a le temps, en dehors de son boulot principal) à la mise en forme graphique de toutes ces idées. Les premiers résultats sont vraiment top ! J'ai trop hâte de voir la suite, même s'il le dit lui-même, "c'est du boulot !".

Quel a été le plus gros impact du confinement sur votre ... ?

Nous travaillons à 3 (Guillaume Jacques et moi) et en dehors de notre activité principale (Ubisoft). Même si nous avons peu de temps à y allouer chacun, le fait que notre principale activité soit basée dans la même entreprise (Ubi), nous permet cependant de nous tenir à jour des idées, des envies et des développements en cours de chacun.
Là, nous n'avons plus ces petits moments, et il nous faut nous contacter à distance...
Donc la situation actuelle crée, pour le moment, beaucoup plus de latences dans nos échanges.
Nous sommes moins bien rythmés, et peut être que cela se ressentira sur la motivation ou le délai de production...
C'est encore difficile à dire car nous sommes au début du confinement.
Mais bon, nous nous appelons quand même et je pense que cela n'aura pas de grosse incidence.

Qu’avez-vous mis en place, comme processus, qui fonctionne plus ou moins ...

Juste avant le confinement, nous avions bien défini où nous en étions, du coup chacun sait ce qu'il doit faire dans sa partie. (Et c’est Jacques qui est le plus chargé en ce moment ! :) )

Passer un coup de fil pour se parler du projet est un acte pas forcément simple à mettre en place....
D'habitude, on se croisait à la pause au boulot, ou le matin, et à cette occasion, nous en profitions pour nous poser une question ou deux sur le projet en cours...
Cela donnait du rythme et faisait avancer sur de toutes petites interrogations et nous synchronisait suffisamment. 
Maintenant, quand tu appelles quelqu'un, généralement, il te faut avoir quelque chose de précis à dire ... Ce n'est pas intuitif d'appeler quelqu'un pour le questionner sur un détail... alors que quand tu croises cette personne, c'est plus naturel. C'est le seul bémol que je vois pour le moment.


Vous avez mis des outils particuliers en place, pour faciliter le tele-travaillum ?


Rien de plus que d'habitude (à part le téléphone que nous utilisons beaucoup plus ...) sinon comme d'habitude, les emails.

Et Jacques a sa méthode à lui !

Jacques Exertier © Fantastic Lombric, 2020

Il y a des activités particulières que vous ne faites plus du toum ?

Oui :
- manger ensemble,
- passer du bon temps durant ces moments partagés
- et surtout nous marrer !! :)
(ça, ça manque !)

Comment vous êtes-vous adaptés aux annulations ou reports des commercium groupus ?

Le seul jeu que nous ayons sorti pour le moment est Docteur Pilule.
Sa sortie commence à être plus ancienne et ne génère pas d'attente particulière du public, du coup.
Nous avons en plus cédé la licence du jeu à Goliath, un gros groupe qui désormais produit et diffuse le jeu à notre place. En conséquence, depuis cette année, nous ne participons pas aux salons.
Nous ne subirons pas d'impact sur ce que nous avions prévu, à part évidement la chute drastique des ventes...
Par contre, pour les organisateurs de Salons, ce ne doit pas être simple...
Et pour les éditeurs qui sortent de nouveaux jeux (notamment les plus petites structures où chaque jeu compte fortement économiquement), ça doit être vraiment très dur...
Les Salons sont une grosse opportunité pour faire connaitre, jouer et vendre son jeu plus largement.
Ce doit être terriblement frustrant et économiquement très impactant.

Comment se passe la relation avec tes editorius. Pas trop complicum ?

Pour nous ça se passe bien. Encore une fois, nous n'avons qu'un jeu. Donc ce n'est pas dur à gérer.
En plus, Goliath le distribue déjà depuis septembre 2019, tout est sur les rails.
Peut-être que c'est plus compliqué pour eux en interne actuellement avec le confinement. Pour le moment nous n'avons aucune information, ni aucun recul sur ce que cela engendrera pour nous et pour eux.



Alors, vous avez deviné quelles cartes ont été tirées du jeu pour réaliser cet interview ?
Et oui, c'est bien celles-...

Cartes à jouer extraites du jeu Docteur Pilule, produit par © Fantastic Lombric,  2020

Merci JP, bonne continuation !

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